Les météorites
retour
L’épisode de différenciation
que nous retracions plus avant est en fait déjà le second phénomène qui affecte
notre système solaire encore tout jeune. Il se situe en effet nécessairement
après celui de la condensation de la nébuleuse solaire en une multitude de
corps minuscules rendus plus ou moins massifs par accrétion. L’étude des
chondrite va maintenant nous permettre d’accéder à cet épisode précoce de notre
histoire.
Rappelons que si elles
proviennent bien elles-aussi de la ceinture d’astéroïdes, les chondrites
s'opposent au reste des météorites (achondrites) par leur texture juxtaposant
des chondres chauds dans une matrice froide mais aussi par leur composition
voisine de celle du Soleil et que seule la composition en éléments volatils des
chondrites diffère significativement de celle du soleil (fig. 6c). L’ensemble de
ces caractéristiques, auxquelles s’ajoute l’existence de chondrite ayant subi
un début de fractionnement (les achondrites primitives) conduit nécessairement
à penser que les chondrites sont des objets restés en marge de l’évolution du
système depuis leur formation, en particulier lors de la différenciation des
corps massifs du système. Seules les comètes que nous verrons plus loin sont
probablement encore moins évoluées.
Les chondrites sont toutes datées à
Pour HC
Connolly et R. H. Hewins (1995), cette période très mouvementée de création
de notre étoile n’a duré en fait qu’un laps de temps extrêmement court. La
première preuve nous en fut donnée en 1976, par l’étude des isotopes du
Magnésium des minéraux de la chondrite CI d’Allende (Mexique). Les observations
sont les suivantes :
1-
le rapport 26Mg
/ 25Mg y est anormalement élevé par rapport à celui des autres
matériaux connus (même très anciens) ;
2-
cet excès du rapport
des 2 isotopes du Mg est corrélé à la teneur en 27Al de ces
minéraux.
Les deux isotopes 25Mg et 27Al sont stables,
et donc leurs quantités n’ont pas varié depuis le stade initial, c. à d. depuis
la constitution du nuage de gaz proto-solaire.
Par contre, 26Al est un isotope instable, et il
donne du 26Mg par désintégration b; ( 26Al ® 26Mg + b)
(voir cours
le bilan thermique de pour l’utilisation des isotopes RA à vie
courte e.g. 26Al ® 26Mg + b )
Donc, avec le temps, et tant qu’il restera du 26Al,
le rapport 26Mg / 25Mg sera croissant. Bien
évidemment, cet accroissement est d’autant plus fort que la teneur initiale en 26Al
est importante. Par conséquent, on peut affirmer
[1]
que, quelle qu’ait été la valeur du rapport initial des deux isotopes de
l’Aluminium 26Al et 27Al dans la nébuleuse, plus il
entrait d’ 27Al (stable) dans un minéral de notre chondrite en train
de se former, plus il y entrait aussi de 26Al (radiogénique), et
donc plus le rapport 26Mg/25Mg était susceptible
d’évoluer à la hausse ensuite. Inversement, la corrélation positive observée de
nos jours entre ce rapport 26Mg/25Mg et la quantité de 27Al
(inchangée depuis le départ) démontre que lorsque les minéraux de la chondrite
d’Allende se sont formés, il existait encore du 26Al.
L’extraordinaire dans cette découverte réside dans le fait que la période de 26Al,
extrêmement courte (cf. chapitre 2, l =740 000 ans), impose que les
minéraux des chondrites de type Allende aient été formés très tôt, à peine 10 millions d’années après l’explosion de
Ces
cailloux exceptionnels nous invitent clairement à faire un petit retour en arrière,
sur l'épisode de contraction de la nébuleuse proto-solaire et sa condensation,
allons-y.
Rappelons
tout d’abord que depuis son allumage, notre Soleil reste bloqué au stade étoile
ordinaire, et que tant qu’il lui restera de l’Hydrogène à brûler en Hélium, et
il ne produira rien d’autre que cet Hélium. Ce n’est qu’à ce stade que son
effondrement gravitaire pourra reprendre vers de plus hautes pressions et de
plus hautes températures, jusqu’au stade de Géante Rouge. Il ne dépassera
d’ailleurs pas ce stade, sa masse étant trop faible. Il ne peut donc être le
père des éléments lourds qu’il contient actuellement. Seules les étoiles
massives en fin de vie comme les géantes rouges, ou mieux encore les étoiles de
type Nova (avec les étoiles Wolf-Rayet) sont capables de fabriquer des éléments
lourds (Masse Atomique>Fe).
On observe
aujourd’hui des nuages comparables à ce que fut certainementle nôtre ;
ils ont une taille considérable (jusqu'à
Tout
semble avoir commencé pour nous il y a 4.6 Ga, soit sous la pression même du
gaz provenant de
Tableau
6 : classification des éléments
chimiques:
|
|
|
|
Eléments
lithophiles. Ce
sont des éléments qui sont localisés préférentiellement dans les roches
silicatées (manteau, croûtes) et qui n'ont aucune affinité pour le fer et ses
alliages (noyau). Ils peuvent être réfractaires ou volatils. On peut
distinguer : |
|
|
|
|
Eléments
sidérophiles. Ce
sont des éléments qui ont une affinité pour la phase métallique et sont
localisés préférentiellement dans le noyau. Ils peuvent être réfractaires ou
volatils. Ainsi on peut distinguer : |
|
|
|
|
Eléments
chalcophiles. Ce sont des éléments qui ont un comportement comme le soufre. Ils sont très
volatils. .......................... |
|
Eléments
atmophiles. Ce sont des éléments très volatils qui se retrouvent préférentiellement dans
l'atmosphère et l'océan. |
|
En allant vers la
périphérie du nuage, la température et la densité de gaz décroissent ; il
s’établit donc un profil de température qui, selon Grossmann et Larimer (1974, fig. 14a), a guidé la condensation du
gaz de la nébuleuse, en fonction du caractère plus ou moins réfractaire des
éléments chimiques (Tableau 6) ;
Il
faut bien comprendre que ce gradient n’a rien de statique, et qu’au fur et à
mesure de la condensation du gaz, des régions encore froides devenaient
chaudes. L’augmentation de température du système a dû s’arrêter avec l'arrêt
de l'effondrement du Soleil, c’est à dire lorsque les réactions nucléaires se
sont allumées, et le système a pu commencer à se refroidir. Avec le
refroidissement du système solaire, un point situé à une distance donnée du
soleil voit alors la séquence progresser dans le temps de la gauche vers la
droite.
A la fin du
processus, on distingue deux régions :
1-
Dans le voisinage
chaud du soleil, seuls les éléments ou molécules les plus réfractaires peuvent
se condenser en poussières solides. Les autres éléments ou molécules y sont
bien présents, mais restent à l’état gazeux ; avec la distance au soleil
nous rencontrons d’abord le domaine des oxydes réfractaires de Ca, Al, Ti, puis
celui des métaux (e.g. Fe et Fe-Ni), puis celui des silicates ferro-magnésiens
(e.g. olivine –pyroxène), pour voir enfin à T<600°K la molécule OH se
condenser avec les silicates (pour former des amphiboles par exemple). Nous
sommes dans le champ du fer et des silicates (tableau 7).;
2-
Loin du Soleil, en dessous
de 175°K, les éléments ou molécules plus volatils se condensent à leur tour, et
l’on pénètre dans de monde de la glace d’eau et des hydrates d’ammoniac ou de
méthane (tableau 7). Les silicates et le fer sont encore présents, mais se
couvrent d'un givre glacé, donnant un mélange fer-silicates-glaces baignant
dans un mélange gazeux fait d’Hydrogène et d’Hélium. Notons que la température
n'est jamais assez basse pour que l’Hydrogène et l’Hélium se condensent.
Tableau
7 : Série de condensation à l’équilibre
d’un gaz de composition solaire ; à T° donnée ( ou à une distance donnée
du centre de la nébuleuse), tout ce qui est au dessous de la température est
solide, tout ce qui est en dessus est gazeux. Tiré site html
ENS Lyon
°K |
Chimie
des condensats |
|
1 600 °K |
Condensation des oxydes réfractaires (CaO, Al2O3,
oxydes de titane, zirconium) |
Champ du Fer |
1 300 °K |
Condensation de l’alliage Fer-Nickel |
|
1 200 à 490 °K |
Condensation de l’enstatite MgSiO3, et réaction
avec FeO pour donner FexMg(1-x)SiO3 |
Champ des
silicates |
1 000 °K |
Na réagit avec Al2O3 et les
silicates pour former Feldspaths et minéraux alcalins |
|
550 à 425 °K |
H2O se combine aux minéraux CaMgFe (amphibole,
serpentine) |
|
175 °K |
La vapeur d’eau se condense en glace |
Champ des glaces |
150 °K |
NH3 gazeux réagit avec la glace et forme un
hydrate solide (NH3,H2O) |
|
120 °K |
CH4 gazeux réagit avec la glace et forme un
hydrate solide (CH4,H2O) |
|
< 120 °K |
Condensation des derniers gaz résiduels (Ar, N2) |
|
< 20°K |
Condensation
de l'H et l'He (n'arrivent jamais dans la nature) |
|
|
|
On
situe la limite entre ces deux domaines au niveau de la ceinture d’astéroïdes entre
Mars et Jupiter (environ 750 millions de km du centre du nuage, Fig. 14b), car
c’est d’ici que viennent les chondrites, dont on sait qu’elles contiennent une
matrice riche en volatils parfois carbonée et même riche en eau, et l’on
constate en outre qu’en deçà de cette limite, la phase de
condensation-accrétion a mené aux planètes telluriques, alors qu’au-delà elle
s’est traduite par la formation des planètes gazeuses.
Selon
ce schéma de condensation, les chondres (constitués de minéraux de haute T°)
apparaissent donc comme des condensats anormalement chauds (ils se formeraient
vers 1300°K) pour leur environnement froid capable de condenser des volatils.
Faut-il donc imaginer qu’ils se sont formés dans les mêmes régions que les
planètes telluriques. La présence de chondres à inclusions de réfractaires
Al-Ca dans certaines chondrites laisse même à penser que leur condensation
pourrait avoir eu lieu très près du Soleil, à l’intérieur de l’orbite de la
future Mercure, au sein de ce disque de matière en cours d’accrétion dans
lequel les planètes vont bientôt apparaître. Il faut donc ensuite transporter
ces condensats chauds vers des régions plus éloignées et froides, dans le champ
des glaces. Durant la phase d’accrétion planétaire, le champ de gravité des planètes
s’est accru, et les corps massifs ont pu agir très tôt vis à vis des nombreux
projectiles légers croisant dans leur environnement comme des frondes
[2]
.
Néanmoins,
il ne s’agit là que d’un des scénarios possibles, et la formation des chondres
garde encore largement son mystère Le fait que ces fameuses gouttelettes
résulte d’une fusion reste très surprenant pour des condensats, car sous les
basses pressions qui règnent dans une nébuleuse, la phase liquide ne devrait
pas exister. Sont-ils formés en un instant lors de chocs entre
planètésimaux ? volcanisme d’astéroïdes ? Condensation chaude ?
aucune de ces hypothèses ne répond à l’ensemble des questions posées par ces
microbilles (texture, composition). Nombre de chercheurs tendent alors à penser
que leur formation résulte d’un chauffage transitoire et rapide, au sein de la
nébuleuse, dans un environnement ne dépassant pas les 650°K ; collision
des petits cors métriques ? chauffage par friction entre grains de
poussière durant l’effondrement ? flashs magnétiques provenant du Soleil
ou re-connexion des lignes du champ solaire qui s’allume à un champ
externe ? souffle de chaleur accompagnant le vent solaire très fort de la
phase T-Tauri
[3]
? un quelconque phénomène encore entièrement
inconnu ? les possibles sont nombreux….
L’histoire des chondrites s’arrête au stade accrétion ; elle est seulement
suivie (Fig.15) de la fragmentation des petits cailloux ainsi formés dans la
ceinture d’Astéroïdes, que le hasard des changements de trajectoire propulsera
peut-être vers
Ce
modèle de condensation permet aussi de mieux comprendre la composition chimique
des planètes géantes. Au-delà de la ceinture d’astéroïdes, la glace d’eau
pouvait se condenser ; or l’hydrogène et l’oxygène sont deux des éléments
les plus abondants dans le gaz nébulaire, et de ce fait, la glace d’eau
devenait dominante dans cette région. Ces poussières de glace riches en
ammoniac et hydrocarbures s'agglomèrent pour former des gros corps glacés
(constitués de glace à 60 %), dans un environnement froid, qui acquirent alors
une gravité suffisante pour retenir l'hydrogène et l'hélium de la nébuleuse
dans leur atmosphère. Quatre corps faits de fer, silicate et surtout glaces
(les noyaux des futurs Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) se sont ainsi
entourés d'une énorme masse de gaz, devenant de ce fait les 4 planètes géantes.
Dans leur voisinage, des corps glacés trop petits pour capturer et retenir une
atmosphère sont devenus des satellites de glace, excepté les satellites les
plus internes de Jupiter, comme Io (purement ferro-silicatés) et Europe (corps
ferro-silicaté recouvert seulement d’une centaine de km d'eau), situés dans les
corps à densité>2.7 (cf. introduction Fig.3, première séquence des
densités). Peut-être la masse exceptionnelle de Jupiter a-elle reproduit dans
son voisinage les conditions de hautes pressions et hautes températures que
l’on retrouve à proximité du soleil ?. Ceci expliquerait pourquoi les
satellites les plus externes de Jupiter sont des satellites de glace, comme
Ganymède et Callisto (séquence des densités moyennes). Peut-être les marées de
Jupiter sur ses satellites proximaux (comme Io) sont-elles trop fortes, et
dégagent-elles trop de chaleur pour que de la glace y subsiste ?
Ganymède et Callisto, peu chauffés, auraient gardé l'intégralité de leur
glace ?
Au delà de Neptune, la densité des agglomérats de matière est semble-il toujours restée trop faible pour permettre le constitution d'un objet de type planète gazeuse. La ceinture de Kuiper serait le résultat de l'étape de condensation froide de cette région, et ses corps les plus gros résulteraient de cette agglomération protoplanétaire « avortée ». Dans un tel schéma, Pluton et son satellite Charon ne constituent que avatars excentriques issus de cette ceinture.
Ce modèle de condensation – accrétion suppose, au moins en première approximation, que le gaz nébulaire initial était homogène. Toutefois, en y regardant de très près, R. N. Clayton, L. Grossman et T.K. Mayeda ont observé en 1973 dans les inclusions riches en éléments réfractaires (Al, Ca et Ti) de la chondrite carbonée Allende que la diversité de composition chimique des chondrules des chondrites est non négligeable. Ainsi, leur analyse isotopique a mis en évidence des hétérogénéités de composition :
1-
la composition
isotopique en 50Ti des chondres de la population des chondrites est
hétérogène ; en première
hypothèse, cette variabilité pourrait refléter un processus de fractionnement
hélio-centré très précoce au sein de la nébuleuse pré-planètaire, et en seconde
hypothèse, elle pourrait refléter la contribution de plusieurs étoiles
différentes dans la constitution du nuage de gaz proto-solaire ; le choix
resterait ouvert si les rapports entre les isotopes de l'oxygène des chondrites
(16O, 17O et 18O) ne venaient confirmer la
contribution de deux nébuleuses dans le nuage proto-solaire (cf. point suivant)
2-
la répartition des
rapports d17O/16O
et d 18O/16O
est différente chez les chondrites de celle que l’on trouve tant dans les
océans que dans les roches terrestres, comme
le montre le diagramme d17O/16O
versus d18O/16O
(fig. 16).
Ce second point est complexe et nécessite un développement.
L’oxygène est l’élément condensé le plus abondant du système solaire. Par
conséquent les anomalies isotopiques qu’il présente doivent révéler de
phénomènes majeurs. Dans ce diagramme, où l’eau des océans est
prise en référence (en X, d17O/16O=0 ;
en Y d18O/16O=0,
cf. §
Par conséquent, on admet que si un processus chimique a provoqué une modification du rapport initial 17O/16O en l’accroissant par exemple de une unité (d17O/16O=1), il aura produit corrélativement une augmentation du rapport 18O/16O de 2 unités (d17O/16O=2), car la différence de masse 18O-16O est deux fois plus grande que celle de 17O-16O. La droite reliant des échantillons ayant subi de tels processus dans figure 16 est donc logiquement de pente ½, c’est le cas des matériaux du couple Terre Lune.
Or
on constate dans la figure 16 que les rapports des minéraux des échantillons de
chondrites
[4]
ne se
distribuent pas sur cette droite, et en particulier que les chondrites
carbonées constituent une autre droite, de pente 1, qui ne peut-être obtenue à
partir du même système initial par de simples réactions chimiques. La droite de pente 1 fut alors interprétée comme un
mélange entre deux réservoirs, dont l’un avait la même composition isotopique
que l’oxygène du système solaire, et l’autre correspondait à une composante de 16O
pur (jusqu’à 5 p.100 en 16O pur dans certains minéraux des
inclusions réfractaires). Une origine extérieure au système solaire des
anomalies en 16O paraissait donc l’explication la plus
vraisemblable, et fut attribuée à des processus nucléaires de combustion
explosive dans une supernova. On pensait enfin démontré que des phases
minérales dans les inclusions réfractaires des chondrites carbonées contenaient
des fractions qui n’avaient pas été homogénéisées avec l’oxygène solaire.
Par ailleurs, en étudiant non plus la population des
chondrites mais les chondrites une à une, H.C. Conolly (1995) a montré
qu’au sein même de chaque chondrite étudiée, le 54Cr semble
présenter des hétérogénéités isotopiques d'une espèce minérale à l'autre. Cet
élément (du groupe du fer réputé très stable) est formé par nucléosynthèse dans
les étoiles massives lorsque qu'elles atteignent la fin de leur vie, Nova
et en particulier Wolf‑Rayet. Comme pour chaque élément, chaque étoile
massive, où a lieu la nucléosynthèse du Chrome, est caractérisée par un flux de
neutrons qui lui est propre, et l'on peut penser en corollaire qu'elle possède
sa signature isotopique, en fabriquant des isotopes riches en neutrons d'un
élément dans des proportions spécifiques; ceux du Chrome montrent que deux cas
peuvent alors se produire, (Fig. 16) :
1 - les
produits de la nucléosynthèse de chaque étoile condensent en espèces minérales
différentes (à gauche), et donc chaque espèce minérale possédera sa signature
isotopique, c'est ce que semble montrer 54 Cr;
2 - les produits de
la nucléosynthèse de chaque étoile condensent en espèces minérales identiques
(à droite), et donc, au sein de chaque espèce minérale il existerait des
sous-populations qui posséderaient leur signature isotopique?
À
ce point, une remarque importante doit être faite: des expériences réalisées en
1983 avaient montré que dans la production d’échantillons d’ozone par décharges
électriques dans de l’oxygène neutre, on obtient une droite de pente 1 dans le
diagramme d17O/16O vs d18O/16O une droite de pente
égale à 1. Un fractionnement isotopique
indépendant de la masse est donc possible au cours d’une réaction, dans des
conditions particulières de champ électromagnétique élevé en tout cas. Les
anomalies isotopiques de l’oxygène ont pu être produites dans la nébuleuse
proto-solaire par les rayonnements des radionucléides à vie courte, par les
rayons ultraviolets, ou encore par les décharges électriques ionisantes
produites sous l’action de champs magnétiques intenses. Une telle explication
des anomalies isotopiques de l’oxygène modifie radicalement le scénario d’une
origine extérieure au système solaire de la composante 16O. D’autres
expériences, sur d’autres isotopes, ont aussi conduit à des hypothèses
d’origines nucléosynthétiques situées dans la nébuleuse proto-solaire. Encore
récemment, il a été découvert du 10Be dans la météorite Allende. Les
chercheurs affirment que cet isotope radioactif du Béryllium n'a pu être
produit que par des collisions entre des noyaux d'hydrogène ou d'hélium
accélérés à de très hautes énergies, alors que le Soleil encore très jeune
émettait un rayonnement nucléaire intense.
Certaines chondrites
contiennent même des phases ou des grains, dont l’âge apparaît «pré-solaire»,
et qui portent les signatures
indubitables ( ?) de processus nucléosynthétiques qui se sont produits
dans divers types d’étoiles. Ces phases ont-elles été formées
dans l'environnement de diverses étoiles avant la naissance du soleil ?
quelque unes de ces phases dites présolaires sont bien identifiées: diamant,
carbure de silicium, graphite, corindon (Al2O3). Faut-il
conclure à la contribution des plusieurs étoiles ? à des nucléosynthèses
dans le nuage proto-solaire ? La suite reste à démontrer...
haut
retour
début
.( Météorites
Différentiation isotopique ) précédente page suivante
( Comètes ) .........
...................
plan
[1] Sachant que les phénomènes de cristallisation sont incapables de séparer des isotopes
[2] C’est probablement ainsi que l’énorme pesanteur des deux planètes géantes, Jupiter et Saturne ont pu faire le vide de tous les petits objets situés dans leur environnement, voir même peut-être Pluton( ?), et contribuer à enrichir la ceinture de Kuiper et le nuage de Oort en corps glacés. Les planètes telluriques ont pu elles aussi renvoyer des condensats chauds vers des régions plus externes, mêlant ainsi condensats chauds ou très chauds venus de l’intérieur et matériel froid probablement condensé in situ. Certains de ces condensats mixtes se seraient trouvés piégés dans la ceinture d’astéroïdes, et auraient subi ici des débuts de différenciation menant à des achondrites primitives, des cailloux, des planètésimaux ou enfin des planètoïdes avortés, éventuellement différenciés puis fragmentés comme nous l’avons vu plus avant.
[3]
Le vent stellaire de la phase précoce, dite T. Tauri
(étoile T du Taureau) est très intense et a probablement expulsé vers
l'extérieur du tout jeune système solaire les matériaux non encore condensés
(gaz nébulaire, poussières ?), voire même probablement les atmosphères
primaires des planètes rocheuses (cf. chapitre 5). Peut-être faut-il voir là
aussi une des causes possibles de la distribution des masses volumiques
moyennes des corps planétaires au sein du système solaire.
[4]
Attention, le raisonnement est conduit ici sur les minéraux
des chondrites, et na donc rien de commun avec celui que nous avons mené sur le
rapport D/H de l’eau des chondrites carbonées hydratées (Chp2.A.1.a).