ENSM-SE / processus naturels / terre_ronde

CHAPITRE 5

L’enveloppe gazeuse de la Terre

le couple atmosphère – hydrosphère

Circulation de l'atmosphère

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La circulation atmosphérique (et océanique) exprime le transfert convectif de chaleur dans la machine Terre, depuis la source chaude équatoriale vers la source froide polaire. Le premier à expliquer la constance des alizés et des vents d'Ouest fut  G. Hadley, 1735; pour lui, la région équatoriale étant plus ensoleillée que les pôles, les vents réguliers devaient transporter de la chaleur vers les pôles, et inversement du froid vers l'équateur. Si la Terre n'était pas en rotation, ce transfert serait effectué par une seule cellule de convection. Mais la force de Coriolis défléchit les vents, qui deviennent géostrophiques vers 30° de latitude (cf. § suivant) et se sont finalement trois cellules qui prennent les calories en charge (Fig. 26).

1 - Cellule de Hadley

A l'équateur, le fort ensoleillement entraîne une émission importante d' IR terrestres (en milieu continental ou océanique), qui provoque à son tour un abaissement de la densité de l'air (1.30 Kg /m3 à 20°c ; 1.22 Kg /m3 à 40°c). Les variations de densité observées suffisent à engendrer des vitesses ascensionnelles de l'ordre du m.s-1. Continuellement alimentée en air venu du Nord et du sud cette région est dénommée Zone de Convergence InterTropicale (ITCZ, Fig. ZZ §E.3.c). Le refroidissement de l'air au cours de son ascension provoque sa condensation, et explique la forte nébulosité et pluviosité de cette région aux grains violents mais sans vent régulier, cauchemar des marins anglais («Doldrums») et dénommée Pot au noir dans l'Atlantique par les marins français. La libération de la chaleur latente liée à cette condensation augmente le contraste de température entre cette colonne montante et son environnement, ce qui augmente sa vitesse ascensionnelle (jusqu'à plusieurs m.s-1), et cet air initialement chaud et humide s'élève ainsi rapidement jusqu'au sommet dilaté de la troposphère (17-18 km).L'air, refroidi et asséché, redescend aux latitudes Nord et Sud-tropicales (20-30°); Cet air descendant et froid constitue une zone de hautes pressions (ceinture anticyclonique), région des calmes tropicaux ou «horse latitudes» détestés eux aussi des marins encalminés qui, lorsque l'eau douce venait à manquer, en arrivaient à jeter les chevaux à la mer. Très sec, cet air descendant est aussi responsable des ceintures désertiques tropicales que l'on rencontre tant au nord  qu'au sud. Entre ces deux zones sans vent, les alizés ferment cette première boucle dénommée cellule de Hadley.

2 - Force de Coriolis

A priori Nord-Sud (ou Sud-Nord, selon l’hémisphère) les alizés sont en fait déviés vers l’Ouest. En effet, à la surface de la Terre, tout mouvement des masses fluides est influencé par la rotation de la Terre, ce phénomène est appelé force de Coriolis F. Supposons une masse au repos par rapport à la Terre, située en un point «quelconque» de l'hémisphère Nord, de latitude φ

(Fig. 27).

Zone de Texte: Fig. 26: Circulation  atmosphérique
 
   Zone de Texte: Fig.27: Force de Coriolis

 

La Terre tournant avec une vitesse angulaire ω = 2π rad / 24h, la masse considérée est en fait animée d'une vitesse longitudinale vL qui est la vitesse de rotation de la surface de la Terre (de rayon R), à la latitude considérée, on a

vL = 2ωR Cos φ (1)

Si, à partir du temps t0, on déplace cette masse m vers le nord (Fig. 27) dans le plan méridien du temps t0 sans exercer de frottement, à la vitesse vm:

1 -     elle conserve la vitesse longitudinale vL de son point de départ;

2 -     au temps t = t0 +dt  elle a parcouru une distance longitudinale

L = VL.dt = 2ωR Cos φ.dt

     et une distance en latitude      l = vm.dt;

3 -     à cette nouvelle latitude φ dφ la vitesse longitudinale VL' de la surface terrestre, est

vL' = 2ωR Cos φ dφ

VL’ est inférieure à VL la vitesse longitudinale initiale; et donc la masse m paraît avoir été déviée de sa trajectoire méridienne, vers l'Est dans l'hémisphère nord et vers l'Ouest dans l'hémisphère sud (on parle de force cum sole).

Pour toute masse m, animée d'un vecteur vitesse non méridien, la force de Coriolis s'appliquera sur sa composante méridienne ; elle est généralement exprimée sous la forme d’un vecteur force normal au déplacement,

F = mfvm                     Avec :

vm, vitesse du corps en mouvement sur la surface de la Terre en rotation;

f, paramètre de Coriolis = 2 ω Sin φ

Par les paramètres mis en jeux, on constate que pour que la déviation soit significative, il faut pour une masse donnée que la vitesse vm soit importante par rapport à VL (cas des fusées et satellites), ou bien qu'une vitesse vm petite soit appliquée longtemps (de sorte que Δφ soit significatif). Il en résulte que la rotation directe du tourbillon dans les baignoires de l'hémisphère nord (et inverse dans l'hémisphère sud) est une aimable plaisanterie, les variations de latitude à cette échelle étant négligeables par rapport aux paramètres locaux (vitesse et direction initiales de l'eau, pentes du fond et formes de la baignoire).

Si l'on s'intéresse à la variation de la vitesse longitudinale de la surface de la Terre avec la latitude, de (1) on tire

dVL/dφ = -2 ω R.Sin φ

La variation de la vitesse longitudinale est donc nulle à l'équateur, et elle est maximum au pôle. Ce n’est donc qu’à partir des latitudes moyennes que la force de Coriolis jouera son rôle le plus important, tant sur les masses océaniques que sur les masses d’air en mouvement.

3 - Cellule de Ferrel, vents géostrophiques et Cellule polaire

Prenons une masse d’air, son mouvement sera initié par un gradient de pression (FP dans la Fig. 28a) et le mouvement initial du vent sera perpendiculaire aux isobares. Dès que la masse d'air est en mouvement, elle subit la force de Coriolis (FC) qui la dévie vers la droite dans notre hémisphère, jusqu'à paralléliser le vent avec les isobares, FP et FC pouvant être du même ordre de grandeur sous nos latitudes. On appelle ces vents, vents géostrophiques. Les isobares étant des courbes fermées autour des centres de haute et de basse pression, il en résulte dans notre hémisphère (Fig. 28b-c) que la circulation des vents géostrophiques est directe (ils tournent à droite) autour des hautes pressions, et inverse autour des basses pressions. Les zones de basses pressions sont corrélativement des régions où l'air présente une faible densité et s'élève (Fig. 28b), en tournant autour du centre, définissant une circulation cyclonique convergente. Inversement les zones de hautes pressions sont le centre d'une circulation descendante et divergente dite anticyclonique. Le front polaire, limite entre la cellule de convection polaire et la cellule des moyennes latitudes (cellule de Ferrel) ondule entre les hautes pressions centrées vers le sud et les basses pressions centrées plus au nord. Au pôle, l'air froid et sec très dense constitue la branche descendante de la cellule polaire. Il détermine ainsi dans notre hémisphère les vents froids de Nord-Est à Est qui descendent vers le front polaire.

 

Zone de Texte: Fig. 28:	a): genèse des vents géostrophiques	b): Circulation : divergente (haute pression ) ; convergente (basse pression) ; c): vents
         
http://nte-serveur.univ-lyon1.fr/geosciences/geodyn_ext/Cours/CoursTT1Atmosphere.htm

 

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