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Les premiers enregistrements
des soubresauts qui agitent l'écorce terrestre datent de l'antiquité. Une stèle
centrale portant une boule, des grenouilles bouche bée accroupies autour, ont
suffi à enregistrer le passage de l'onde par la chute de la boule et la
direction de sa propagation avec la grenouille gagnante (fig. 13).
De nos jours, on exprime l’intensité des séismes soit à
partir de l’enregistrement de l’ébranlement (échelle de Richter), soit à partir de leur
impact observé sur le bâti et les déformations naturelles (échelle de Mercalli).
1 - Les
ondes émises par un ébranlement
Le comportement élastique d’un solide homogène
(Fig. 14a) est complètement caractérisé par sa densité plus deux
constantes d’élasticité :
1 - le module d'incompressibilité
K = rdP/dr
qui caractérise la variation
de volume ou de densité du milieu considéré en réponse à une variation de la
pression P;
2 - le module de rigidité
G = m/r
où m=ds/dg est le module de
cisaillement qui caractérise
la déformation élastique (angle g du milieu considéré, sous l'action du
cisaillement s).
On utilise aussi
communément le module de Young E, relié au module de cisaillement par le
coefficient de poisson (tableau 1).
Provoqué quelque part au
voisinage de la surface lors d’un séisme, entre quelques dizaines de km
de profondeur et plus rarement quelques centaines de km, dans le domaine de
pression et de température dans lequel le matériau terrestre conserve un comportement
fragile, l’ébranlement du solide terrestre en ce point sollicite son
élasticité. Incompressibilité et cisaillement sont alors la source de deux
ondes élastiques, respectivement une onde de compression-dilatation et une
onde de cisaillement. Ces deux ondes vont se propager dans le corps de la
planète (On parle d’ondes de volume) en une enveloppe
« sphérique » (front d’onde) qui conserve sur l’ensemble
de sa surface l’énergie de l’ébranlement dissipée au point source.
L’amortissement de ces ondes est donc essentiellement lié à
l’augmentation de la surface du front d’onde et très peu au
déplacement de matière (Fig. 14b) en son point de passage :
1 -
les ondes de compression
dilatation sont longitudinales, et
traversent tous les milieux. Elles correspondent à un déplacement des
particules parallèlement à la direction de propagation de l'onde, et provoquent
une variation de volume. Elles sont dites ondes
P, «premières» (car les plus rapides) et se propagent à la vitesse :
Vp=
[(K + 4/3G)]0.5
2 -
les ondes de cisaillement (transversales) correspondent à un déplacement des particules
perpendiculairement à la direction de propagation de l'onde. Il s'ensuit une
distorsion sans changement de volume. Elles ne traversent pas les matériaux
dont le module de cisaillement est nul (liquides). Elles sont dites ondes S, «secondes», et leur vitesse
est
Vs= [G]0.5 (Vs<Vp).
Lorsque, dans un corps fini,
les ondes de volume atteignent sa surface, il apparaît par interférences constructives
deux types d'ondes qui se propagent dans une épaisseur limitée au voisinage de
la surface, et donc nommées ondes de surface ou ondes L, «Longues» en raison de leur faible vitesse (<Vs)
(Fig. 14c):
1 -
1 - Les ondes de Love résultent d'interférences entre les
ondes S, et correspondent à une oscillation polarisée de grande amplitude, dans
le plan de la surface et perpendiculairement à la direction de propagation de
l'onde;
2 -
Les ondes de Rayleigh
résultent d'interférences entre les ondes P et S, et induisent une oscillation
dans le plan perpendiculaire à la surface, avec un déplacement des particules
selon une ellipse (houle).
Puisque les ondes sismiques
se propagent à des vitesses différentes, elles sont enregistrées en des temps
différents sur un sismographe situé en un point donné de
Les ondes longues L ou R arrivent plus tardivement. On notera que
les ondes P ou S peuvent apparaître doublées à la suite de réflexions sur la
surface terrestre (ondes PP ou SS, voir plus loin).
26 / 12 / 2004 :
manifestation paroxysmique de la relaxation des contraintes encaissée pendant
un laps de temps de quelques 102 ans par une limite entre deux
plaques. Le point de relaxation est précis (zone de subduction) et tous les
séismes répliques qui suivront se distribueront dans la même surface, en se
délaçant vers le Nord. L’analyse historique de l’ensemble des séismes enregistrés depuis un siècle a en
effet montré depuis longtemps le caractère inhomogène de la surface terrestre,
comment les frontières de plaques sont secouées en permanence par des séismes
alors que le cœur des plaques est beaucoup plus calme. La séismicité
intraplaque est en effet généralement liée à un volcanisme dit
« intraplaque » d’origine profonde dont le mécanisme est
indépendant du fonctionnement des plaques. Nous ne reviendrons pas plus sur ce
schéma bien établi et largement connu.
A l’échelle régionale,
la carte de
Il apparaît aussi sur cette
carte un axe Bretagne Massif-Cenral, qui témoigne d’une sismicité plus
diffuse mais néanmoins bien réelle.
En Bretagne, la magnitude des
séismes dépasse rarement 4 ; la relaxation des contraintes encaissées par
cette partie Ouest du craton européen est très largement guidée par des failles
anciennes profondes, héritées de l’histoire hercynienne de cette région
Fig 16b, qui a structuré l’écorce terrestre dans cette région du globe
durant l’ère Primaire. Toutes les fractures ne sont pas reportées sur les
cartes géologiques.
Fig. 16b Bretagne
La limite croûte manteau est
anormalement peu profonde selon un axe Allier-Rhin (en pointillé sur la figure
16c). Il en est de même plus au sud sous l’axe vallée du Rhône. Cette partie
du Massif Central est marquée par une séismicité diffuse (comme en Bretagne) à
laquelle vient s’ajouter une séismicité historique relativement
importante.
Fig. 16c massif central
La région de France métropolitaine la plus
empreinte de séismicité est l’arc alpin (Fig 16d)
On observe clairement un arc sismique double
venant buter au Sud sur l’axe Gap-Italie,
plus une ligne Sud Sud-Ouest, Nord Nord-Est au-delà d’une zone
calme située à l’Est de Grenoble
– Chambéry Anney - Lausanne.
Fig. 16d Arc alpin
Géologiquement ces structures séismiques
correspondent, pour la zone de calme sismique, aux massifs cristallins externes
(en rouge dans
et pour les arcs, aux deux parties superficielle
et profonde de l’épaississement crustal alpin, accompagné d’une
remontée mantellique dans cette zone, le corps d’Ivrée.
Cet ensemble correspond à la limite entre la
plaque Européenne et la plaque apulienne qui porte l’Italie.
La figure montre la section sismique verticale
établie selon l’axe Ouest Sud-Ouest, Est Nord-Est figuré en noir.
L’échelle des couleurs est celle de la
profondeur des foyers des séismes
Fig. 16e arc alpin
Les ondes sismiques obéissent aux lois de Descartes pour la
propagation de la lumière, l’impédance acoustique rV (Poids volumique du milieu
traversé x vitesse de l’onde) jouant ici le rôle de l’indice pour
la lumière.
Par analogie avec l'optique, on utilise la normale au front d'onde
pour définir le rai sismique, et la loi
de Descartes pour décrire le parcours de ce rai, avec sin i /V = cte.
Trois types de propagations
peuvent être distingués, correspondant
1)
à une arrivée directe. Pour un milieu tabulaire, l’équation
du temps d’arrivée de l’onde réfractée en fonction de la distance
est une droite
Fig. 17a
2)
à une arrivée réfléchie. O, démontre , pour un milieu tabulaire,
que l’équation du temps d’arrivée de l’onde réfractée en
fonction de la distance est une hyperbole
3)
à une arrivée réfractée, correspondant en sismique au cas précis
où l’onde incidente qui descend rencontre un milieu d’impédance
plus grande (V plus grand) sous incidence critique. Le rai sismique réfracté
voyage alors vite dans à l’interface avec le milieu sous-jacent à la
vitesse de ce dernier, et renvoie vers la surface un rai sous la même incidence
critique. On démontre, pour un milieu tabulaire, que l’équation du temps
d’arrivée de l’onde réfractée en fonction de la distance est une
droite
Lorsque l’on se place à l’échelle de
1- la vitesse moyenne des ondes de surface est quasi constante
(de l’ordre de 4.4 Km/sec) avec l’éloignement de l’hypocentre
(foyer du séisme)
2- Par contre, la
vitesse moyenne des ondes de volume augmente avec la distance au foyer,
traduisant le fait qu’elles traversent des domaines de plus en plus
« véloces ».
a - Rebroussement des ondes
de volume
Si
Pour étudier l’effet de cette variation de vitesse avec la
profondeur, considérons une Terre constituée d’un matériau aux propriétés
sphéro-concentriques, qui sera discrétisée pour la commodité du propos en une suite
de sphères homogènes emboîtées( Fig. 19 centre):
pour un rai arrivant en P sur la surface sphérique de profondeur z
sous l'incidence i avec la vitesse V, on écrira qu'il se réfracte à la vitesse
V' sous l'angle r, tel que :
Sin i/V = Sin r/V'.
La figure 17b montre que
R sin r = R' sin i' = OQ
et donc R
sin i / V = R sin r /V' = R' sin i' / V'
La quantité R Sin i / V est
constante le long du rai, on l'appelle le paramètre du rai.
La figure 17b montre à droite que lorsque la vitesse croît avec la
profondeur, le rai est concave vers le haut. Au point le plus bas (sin i =1) la
valeur du paramètre de rai p est égale à R/V.
Si l'on prend deux rais, PQ et P'Q', de paramètre p et p+Dp, qui parcourent respectivement les distances angulaires D et D+ dD, on a:
sin i=
NP/PP'.
En posant dt, la différence de temps mis par les deux rais sur
leur trajet on écrit :
Sin i= Vdt/RdD.Le paramètre du rai PQ s'écrit alors :
p = dt/dD, pente de la courbe t= f(D)
b - La fonction temps
–distance des ondes de volume
La figure 18 illustre à travers leurs courbes t-D les divers trajets possibles de rais sismiques des ondes de
volume en milieu homogène, soit à vitesse constante (18a), soit lorsque V
augmente de façon constante (Fig. 19b1) ce qui introduit le point de
rebroussement pour chaque rai (↑).
La présence d'une zone d’accroissement de la vitesse
(Fig. 19b2, ―) conduit à un rebroussement précoce (↑) et provoque
l'apparition d'une région recevant le train d'ondes anormalement tôt (↓).
Inversement, la présence d'une région à basse vitesse
(Fig. 19b3, ―) conduit à une incidence critique qui sépare en
deux rais infiniment voisins, l’un étant rebroussé vers le haut (↓B),
l’autre étant réfracté plus profondément avant d’être
rebroussé lorsque la vitesse du milieu est remontée(↓C) ; Les rais un peu
plus profonds, bénéficiant d’une vitesse accrue seront un temps
rebroussés un peu avant C, et émergeront entre D et C puis au delà de C ;
cela laisse une zone d'ombre qui ne peut recevoir de trains d'ondes partis de
F.
En résumé, un ébranlement de l’écorce terrestre crée deux
ondes de volume, P et S, susceptibles d’être polarisées-réfléchies et
polarisées-réfractées chaque fois qu’elles rencontrent un contraste
d’impédance acoustique, c’est à dire une variation brutale des
caractéristiques pétrophysiques du milieu (Fig. 19-b2-b3 et Fig. 17
a-b). Il convient de ne pas confondre les caractéristiques pétrophysiques avec
les caractéristiques pétrologiques (minéralogie) du milieu, car si une
variation brutale de la minéralogie peut se traduire par une variation
importante de l’impédance, elle ne l’impose pas nécessairement.
C’est néanmoins largement grâce à l’analyse poussée des ondes
sismiques, recherche d’hyperboles de réflexions, recherche d’ondes
coniques que l’imagerie du sous-sol proche (quelques Km) permet aux
pétroliers d’organiser l’exploitation de la ressource, gaz ou
pétrole. A l’échelle de
c – Le chant de la
Terre : oscillations propres
Notons tout d’abord que, voyageant au voisinage de la
surface terrestre les ondes de Love et de Rayleigh ne subissent pas
d’augmentation de vitesse liée à la profondeur, ce qui explique que leur
vitesse est à peu près constante ; en fait celle-ci dépend de la nature
des matériaux traversés. Relativement rapides dans les matériaux massifs comme
les roches de profondeur venues affleurer en surface (e.g. granites les
basaltes etc.), leur vitesse chute des les matériaux sédimentaires meubles,
contenant de l’eau ou de l’air ; la fréquence du signal
s’abaisse, et son amplitude croît, rendant ces ondes cisaillantes (Love)
ou elliptiques (Rayleigh) d’autant plus destructrices, dans les plaine
alluviales par exemple.
En second lieu, les ondes de surface sont guidées entre la surface
de la Terre et la base des couches superficielles qui composent la lithosphère.
Lors des séismes forts, elles effectuent plusieurs fois le tour du de la terre,
traçant des paquets d'ondes (fig. 20) se propageant en un cercle qui
s’agrandit à partir de l’épicentre. En interférant entre elles,
elles construisent des ondes stationnaires, qui oscillent à des fréquences qui
ne dépendent que de la nature et de la structure interne de la Terre. La Terre
résonne alors comme une cloche, avec une période fondamentale (grave) de 54
minutes, et des harmoniques qui décroissent jusqu’à quelques secondes
(quelques fractions de Hertz), et une amplitude maximale de l’ordre du
millimètre. On utilise l'analyse en fréquence des oscillations libres de notre
planète comme un spectroscope pour en analyser les hétérogénéités.
d – Magnitude et
Intensité d’un séisme
L’intensité d’un séisme est définie par les désordres
qu’il engendre. Echelles de XII degrés, les échelles de Mercalli, puis
MKS, puis échelle EMS 92 préfigurant de l'échelle EMS 98 utilisée depuis
janvier 2000 par le BCSF (Bureau Central Sismologique Français), ces
échelles expriment la façon dont la secousse a été ressentie et quels dégâts
ont été observés (tableau 2).
Tableau 2 : :
I |
imperceptible |
II |
à peine ressentie |
III |
faible |
IV |
ressentie par beaucoup |
V |
forte |
VI |
légers dommages |
VII |
dommages significatifs |
VIII |
dommages importants |
IX |
destructive |
X |
très destructive |
XI |
dévastatrice |
XII |
catastrophique |
La magnitude d’un séisme quantifie l’énergie dissipée
au foyer du séisme, sur une échelle logarithmique, échelle ouverte de Richter,
qui utilise la hauteur de sa trace du séisme sur un enregistrement normalisé.
Il existe plusieurs types de normalisation, utilisées en fonction de
l’énergie dissipée, de la distance de l’épicentre, mais toutes sont
comparables dans leur principe (Fig. 21). Dans le cas de cette figure, le
séisme enregistré laisse une trace de
4 -
Hétérogénéités terrestres : Le modèle PREM
Pour établir précisément les trajets des ondes dans le globe
(c’est à dire les profils de vitesse), il est nécessaire de disposer
d'une relation entre l’incompressibilité, la densité, la pression et la
température. Pour les régions profondes, que l’on peut considérer comme
sphéro-concentriques en première approximation, nous disposons d’une
relation entre incompressibilité, densité et pression, appelée équation
d'état d'Adams-Williamson. Cette relation établie en 1923 par Adams et
Williamson avaient pu montrer que compte tenu des densités de surface, de la
densité moyenne, et des valeurs de K, la Terre devait être constituée d'au
moins deux couches de densité très différente. Elle prévoit qu'à la profondeur
z, la variation de densité dr avec la variation de profondeur dz est de la forme :
dr/dz=gr/F
Le paramètre sismique F est égal à K/r (K, module élastique d'incompressibilité). Connaissant, gz,
rz et Fz à la profondeur z, les
sismologues sont en mesure d'établir les profils des densités au sein de la
planète.
Mais à faible profondeur, la
Terre est trop hétérogène pour qu'une équation d'état entre ces divers
paramètres suffise. A décrire les variations des ondes sismiques. On
utilisera pour cette région d’une
autre loi, empirique, la
Loi de Birch, qui relie directement la vitesse des ondes à la masse
atomique moyenne des roches (indépendamment de leur composition minérale) et à
leur densité (Fig. 22) mesurées pour des corps purs dans des conditions de
pression variées. C’est aussi sur la base de ses expériences à haute
pression que Birch put confirmer dès 1961 que les vitesses sismiques atteintes
dans le noyau, de l’ordre de 10 km/sec étaient beaucoup trop faibles pour
correspondre, aux pressions considérées, à un matériau mantellique. Par contre le Fer constituait un excellent candidat
pour la constitution du noyau.
Ainsi outillés de relations densité-vitesse, les sismologues
peuvent maintenant construire le modèle
inverse du trajet des ondes à travers la planète à partir des temps d'arrivée.
Le modèle PREM (Preliminary
Reference Earth Model), résume l'état de nos connaissances en la matière, en se
basant sur les variations de la vitesse des ondes en fonction de la profondeur
qui mettent en évidence plusieurs discontinuités (Fig. 23 &
24a-b) :
1 -
La discontinuité de Mohorovicic séparant croûte et manteau (CMB pour crust-mantle
boundary), entre 10 et
2 -
La discontinuité de Gutenberg séparant manteau et noyau à
3 -
La discontinuité de Lehmann séparant noyau et graine à
Ayant reconstitué ainsi les
discontinuités majeures, on estime les sauts de densité (et donc de
composition) qui en découlent, et l'on fournit enfin une appréciation de l'état
physique (fluidité) des divers milieux rencontrés. Le comportement des ondes est
à cet égard très pertinent. La présence d'une infime fraction liquide
(<<1%) aux joints des grains d'un solide, ou le seul fait d'approcher de
son point de début de fusion (solidus), suffit à provoquer une diminution de
vitesse des ondes sismiques.
a - La Croûte Terrestre.
Les principaux résultats
concernant la constitution de la croûte ont été obtenus à partir des séismes
proches de la surface ou par les séismes provoqués (prospection sismique des
sédiments et sismologie expérimentale). Les forages fournissent une observation
directe sur les premiers kilomètres ; guère plus de
En domaine océanique, sous une tranche d’eau variant de 2.5 à
1 -
des sédiments à faible
vitesse (VP environ 1.7 à 2.5 km/s) dont l’épaisseur augmente
en s’éloignant des dorsales ;
2 -
une couche basaltique à fort
gradient de vitesse (VP passe de 3.5 à 6.1 km/s) ;
3 -
une couche de nature plus
variée: gabbro, l’équivalent largement cristallisé des basaltes
sus-jacents ; amphibolite,
l’équivalent métamorphisé des gabbros ou basaltes ; serpentine, péridotites transformées par
hydratation. La vitesse des ondes P augmente très lentement (entre 6,4 et
7,1 km/s) dans cette 3° couche.
Dans la croûte continentale, sous les sédiments lorsqu’ils sont présents, on trouve
partout une vitesse d’environ 6,2 km/s, que l’on attribue à
des ondes coniques Pg propagées sous la limite supérieure du socle granitique.
Les résultats concernant la partie profonde de la croûte sont beaucoup moins
concordants. Toutefois, la vitesse moyenne observée (environ 6,3 km/s)
suggère encore une nature granitique, avec des intrusions de roches à plus
grande vitesse, probablement de nature plus basaltique. La croûte continentale
est épaisse, avec de fortes variations :
1 -
Dans les plates-formes continentales,
aux États-Unis, au Canada, en Australie, les épaisseurs connues sont comprises
entre 35 et 37 kilomètres.
2 -
En France, son épaisseur est de l’ordre de
3 -
Dans les zones de surrections
de montagnes, en revanche,
l’épaisseur de la croûte augmente; elle est estimée à
A la limite du continent et de l’océan, dans les marges passives comme celles de l’Atlantique (pas
de volcanisme, pas de fosse), la discontinuité de Mohorovicic remonte
progressivement dans les marges continentales. Dans les régions de marges
continentales actives (volcanisme et fosse sous-marine) à faible activité, ce
schéma simpliste d’amincissement crustal reste globalement vrai :
dans le golfe de l’Alaska par exemple, on observe le « Moho » à
Dans le manteau supérieur, les ondes coniques Pn qui se
propagent à sa limite supérieure (sous le réflecteur croûte–manteau), ont
une vitesse voisine de 8,2 km/s tant sous les continents que sous les océans.
Cela suggère que le manteau supérieur est un matériau homogène. La réalisation
de grands profils sismiques à partir des explosions nucléaires souterraines
(îles Aléoutiennes, Nevada, Sahara), à partir des tirs en mer, et à partir de
séismes naturels, a mis en évidence l’organisation en couches
concentriques du manteau supérieur et ses deux caractéristiques
essentielles :
1 -
Il présente entre 125-
2 -
Sa vitesse croît ensuite
rapidement jusque vers
Rappelons que l’on
appelle plaque lithosphérique la
partie située au-dessus de la LVZ. Si la partie supérieure de la lithosphère a
un comportement élastique, la partie inférieure présente un comportement déjà
plus ou moins ductile. La Lithosphère associe donc :
1 -
La croûte terrestre, issue du fractionnement du manteau, de nature
très variée selon son origine océanique ou continentale ;
2 -
La partie sommitale du manteau, suffisamment « froide »
pour que ses propriétés mécaniques permettent de le désaccoupler du manteau
convectif sous-jacent.
La limite inférieure de la
lithosphère apparaît donc bien moins comme une limite chimique que comme l’isotherme
de transition entre le manteau conductif (non adiabatique) et le manteau
convectif adiabatique (TBL pour thermal boundary layer) et
comme une limite rhéologique entre le manteau convectif et le manteau
lithosphérique rigide (LAB pour Lithosphère-Asthénosphère Boundary).
Une telle limite est susceptible de varier en profondeur de manière importante
en fonction du flux de chaleur (venu du manteau convectif) qui traverse la base
de la lithosphère. Toutefois, en raison même de son isolement souvent long vis
à vis du reste du manteau, le manteau lithosphérique (en particulier
sous-continental) est voué à une évolution particulière, nécessairement liée
étroitement à l’histoire de la croûte sus-jacente. Au droit des
continents surtout, on parlera donc à juste titre de
manteau lithosphérique subcontinental,
par opposition au manteau supérieur convectif appelé
manteau supérieur asthénosphérique
.
Nous entrons dans le manteau
inférieur avec une forte discontinuité située vers
Deux couches caractérisées
par des spectres de basses fréquences ont été mises en évidence dans le manteau
inférieur :
1 -
la première, entre 620 et
2 -
la seconde, à la base du
manteau, se manifeste par une rapide
décroissance des fréquences dominantes vers une profondeur de
Pour d’autres auteurs cette couche D’’ résulterait
de la séparation par gravité des matériaux denses générés dans les premiers
stades de la vie de la Terre. Nous avons noté que la fin de la période
d’accrétion - différenciation
coïncide avec le maximum thermique de notre planète : collisions à
grande vitesse, éléments radioactifs à vie longue abondants et
éléments radioactif à vie courte encore présents. Comme pour la Lune (cf.
Chp. 4.D.1.d), la partie supérieur au moins du manteau (ou sa
totalité ?) était probablement un océan magmatique, en cours de
cristallisation ; comme sur la Lune, cette cristallisation fractionnée à
pu générer des continents de matériau feldspathique léger, et à l’opposé
des matériaux cristallisés plus denses que le liquide. En sombrant vers le fond
du réservoir, ces matériaux solides soumis à pression croissante pouvaient
donner naissance à des assemblages plus denses que le liquide, voir même que le
manteau non fondu. C’est dans ce type de scénario que certains auteurs
recherchent la naissance de la couche D’’ encore
mystérieuse.
Le réseau d'observatoires séismologiques mis en place à travers le
monde à partir de la fin du XIX° permet de connaître le temps mis par une onde
sismique pour parcourir une distance donnée. Dès 1906, Oldham constate que les
ondes S captées au delà de
Dans les années 30, le
perfectionnement des sismographes permet d'observer des ondes à faible
amplitude. Parmi celles-ci, les ondes
notées PKIKP dans la figure 25 sont incompatibles avec l'hypothèse d'un noyau
homogène. Dès 1936, Inge Lehmann en déduit l'existence d'une discontinuité à
l'intérieur du noyau, la graine (
1 -
Dans le noyau externe liquide, la
vitesse des ondes P croît lentement ;
2 -
Le contact noyau-graine (noyau externe - noyau interne) est marqué par un petit
ralentissement ;
3 -
L’entrée dans la graine solide provoque un fort gradient positif de la vitesse;
4 -
Peut-être une autre
discontinuité est-elle marquée par une
petite chute de vitesse, puis celle-ci croît lentement jusqu’au centre de
la Terre.
L’étude encore très incomplète des spectres d’énergie
montre également une structure stratifiée du noyau (Tableau 3 et
Fig. 23), ainsi que des corrélations importantes entre les variations de
vitesse des ondes P et les spectres de fréquence de ces ondes.
Animation
http://www.youtube.com/watch?v=3xLiOFjemWQ&feature=fvw
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